Pêche à la légine : victoire de Réunion Pêche Australe devant le TA de Saint-Denis de la Réunion

Axel Glock | | 10 janvier 2017
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La légine australe et antarctique est un des poissons les plus chers au monde, vendu entre 20 et 30 € le kilo à l’embarcadère. Qualifié d’or blanc, il est particulièrement prisé des palais japonais mais a longtemps fait l’objet de contrebande. Depuis, un total admissible de capture (TAC) limite annuellement les quantités pêchées et le Préfet administrateur supérieur des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) définit les quotas de pêche autorisés pour une liste restreinte de six armateurs. C’est l’autorisation accordée en 2016 à un septième armateur, Réunion Pêche Australe (RPA), qui a déchainé les passions, y compris sur le volet juridique.

Le litige a opposé un armateur concurrent (COPECMA) et RPA, représentée par Me Yves Claisse. Le concurrent non retenu contestait, par un référé-suspension près le Tribunal administratif de Saint-Denis de la Réunion, les décisions de l’administrateur des TAAF d’autoriser RPA à pêcher 100 tonnes de légine pour la saison 2016-2017 et de refuser de délivrer à la COPECMA un quota de pêche de 200 tonnes d’or blanc.

Dans ses observations, Me Claisse a notamment contesté le caractère urgent du recours et souligné la suffisante motivation de la décision du Préfet. Il précise en outre que RPA a une meilleure capacité technique et financière que la COPECMA pour assumer cette pêche dont les retombées pour la Réunion seront « particulièrement positives« . Il demande enfin au juge des référés de supprimer les accusations diffamatoires d’ « achat » de cette autorisation.

Le TA de Saint-Denis de la Réunion a donné raison à RPA et suivi les observations de Me Claisse, en rejetant la demande de la COPECMA de suspendre les autorisations de pêche délivrées à RPA, en la condamnant à verser des frais irrépétibles et en supprimant les passages présentant « un caractère outrageant » pour RPA.

L’affaire a fait l’objet de plusieurs publications dans la presse locale. Extraits :

Réunion Pêche Australe pêchera son quota de légine (ipreunion.com, 7 janvier 2017)

En pêche depuis quelques jours, le Corinthian Bay pourra compléter son quota de 100 tonnes de légine, dans les mers australes. L’attribution de ce petit quota de pêche au nouvel armement Réunion Pêche Australe (RPA), qui affrète le palangrier, était l’objet d’un recours en annulation examiné, le jeudi 5 janvier 2016, par le tribunal administratif (TA). Ce recours en référé et suspension déposé par la Copecma, un armement concurrent qui sollicitait également le bénéfice de ce quota, a été rejeté vendredi par l’instance le TA. Lire la suite


Antarctique : une nouvelle guerre de l’or blanc (Le Journal de l’île de la Réunion, 6 janvier 2017)

Réunion Pêche Australe, « une belle idée qui dérange »?

Ciblée par les opérateurs historiques de la pêche à la légine, Réunion Pêche Australe joue la carte du « petit » attaqué par les « gros. » Et met en avant son actionnariat composé à 20 % de petits pêcheurs réunionnais, qui ont investi chacun 2000 euros dans l’aventure. « Une belle idée, un beau projet qui profitera à l’économie locale et aux pêcheurs réunionnais qui étaient écartés de l’or blanc depuis des années », assure Me Yves Claisse, l’avocat de RPA.

Dénonçant « le harcèlement judiciaire » des opérateurs historiques, il pense que cette idée « dérange les intérêts économiques et le confort »des « gros ». Sans toutefois s’attarder sur l’autre composante actionnariale majoritaire de RPA, composée d’armateurs loin d’être de »petits pêcheurs » : Enez Du, de la Holding Réunimer et Atlantis, du groupe Minatchy, pas vraiment des « nains » à la Réunion… Sa licence attaquée par COPEGMA, un autre « nouveau » qui n’a eu accès pour l’instant qu’aux quotas concernant les poissons des glaces, et toujours pas de légine, Réunion Pêche Australe y voit encore la main des «gros», le directeur de Copegma étant un ancien de la Sapmer… « Il est clair que même avec son tout petit quota de 100 tonnes, soit 1,57 % du total admissible de capture, RPA dérange », appuie Me Claisse. Si le juge devait suspendre la licence de RPA, il s’agirait d’une catastrophe pour le nouvel opérateur qui a investi 1,6 millions d’euros dans l’opération, en espérant un bénéfice de 200 000 euros sur cette première campagne de pêche à la légine. Lire la suite


Réunion Pêche Australe peut poursuivre sa campagne (Le Journal de l’île de la Réunion, 7 janvier 2017)

TERRES AUSTRALES. Sa licence attaquée par un concurrent, Réunion Pêche Australe a vu la menace d’une suspension être écartée par le tribunal administratif. Elle peut continuer à pêcher son quota de 100 tonnes de légine.

L’enjeu était colossal pour Réunion pêche australe (RPA), petit nouveau sur le marché très fermé de la pêche à la légine dans les mers australes. Jeudi, le tribunal administratif saisi en référé devait se prononcer sur la demande de suspension de la licence accordée à l’armateur, suite à la contestation d’un concurrent déçu, la Copecma.

En cas de jugement défavorable, RPA aurait dû interrompre sa campagne entamée le 21 décembre dernier et rapatrier son navire, le Corinthian Bay, avec un manque à gagner certain. Compte tenu de l’investissement consenti (1,6 million d’euros) et la marge réduite envisagée sur le quota de cent tonnes attribuées en septembre dernier (200 000 euros), l’opération aurait été largement déficitaire en cas d’arrêt prématuré. Une perte estimée à 700 000 euros par RPA. Lire la suite